Par Blaise Nzupiap Nwafo (La Nouvelle Expression)
02 février 2012
A sein de la concession familiale où Elias Tchadji a reçu deux balles à la poitrine et à l’abdomen, des proches évoquent l’hypothèse d’un règlement de compte à la veille des élections municipales et législatives.
La consternation était grande, hier matin dans la concession du patriarche Samuel Biéguem au quartier Wouom par Baham, à environ 3 km du centre ville. Ce dernier, assis malheureusement à l’entrée de sa case, ne cessait de recevoir les voisins, membres de la famille et autorités administratives qui venaient aux nouvelles. «C’était même la mairie de quoi. Au lieu de le tuer, c’était encore mieux de lui demander de vous laisser la place», lançait la sœur du défunt. Dans la cour du château non achevé du défunt maire, avec les portes restée désespérément fermées, la désormais veuve, partie de Yaoundé dans la nuit, était inconsolable. Malgré tout le réconfort à lui apporté par ses proches et populations. Le décor du deuil est planté depuis la nuit. Les pleurs alternent avec les chants de requiem. «Nous étions dans cette maison assis lorsqu’aux environs de 19h30 deux coups de feu ont retenti à l’entrée de la résidence de mon fils. Entre temps nous avons suivi comment quelqu’un disait sauvez-moi, je suis mort. J’ai riposté en tirant un coup de feu à partir d’ici afin qu’on sorte porter secours à la victime. Quand les enfants ont franchi la porte, c’est alors qu’on a entendu un autre coup de feu. Quelques minutes après, on a suivi le bruit de la voiture quitter la concession. C’est alors qu’on est allé trouver Elias couché, presque agonisant», rapporte le chef de famille. La voiture emportée, qui aurait été retrouvée dans l’arrondissement de Bangou, était celle du maire, une Toyota Hilux verte, immatriculée CE 9850 I.
Rivalités politiques
Au moment de trouver celui qui était jusqu’à cette heure là maire de la commune de Baham, la balle avait ouvert son ventre et les intestins étaient en partie dehors. Ce qui ne lui a laissé aucune chance de survivre. Les douilles retrouvées sur les lieux seraient celles d’un fusil de chasse, de type browning. C’est à bord d’une voiture de marque Tercel, Ce 8308 Q, qu’il sera transporté de toute urgence à l’hôpital de district de Baham. En plus de l’obscurité, causée par une coupure de courant électrique qui avait plongé la ville dans le noir peu avant 18 heures. En l’absence du médecin, c’est en le conduisant à l’hôpital Ad-Lucem qu’il va pousser le dernier soupire. Le corps sera ramené dans la concession avant d’être conduit à la morgue de l’hôpital de district de Bandjoun sur instruction du procureur de la République qui a fait une descente sur le terrain dans la nuit. C’était en compagnie du préfet des Hauts-Plateaux, Joseph Tanga Fover. Au sujet des circonstances qui ont conduit au décès du maire, un enfant de la concession, Leonel, confie que l maire n’a pas klaxonné à son arrivée. C‘est quand il est sorti ouvrir le portail, comme d’habitude, en l’absence d’un gardien sur les lieux, que les malfaiteurs qui étaient visiblement dans les environs seraient sortis pour le cueillir à froid. En dehors de ses téléphones qui auraient été emportés dans le véhicule, les assaillants ont juste eu le temps de le buter et d’emporter le véhicule pour s’éloigner du lieu du crime. Un enfant du quartier dit d’ailleurs avoir aperçu trois individus roder dans la zone peu avant la tombée de la nuit. Ce qui confirme davantage l’hypothèse d’un règlement de compte. Pendant la cérémonie de présentation des vœux, le gouverneur avait cru anticiper sur les rivalités politiques en invitant les éventuels candidats aux prochaines élections de se respecter mutuellement et de compétir dans la sportivité.
Gendarmes amorphes
Les populations ne cessent cependant de dénoncer la nonchalance observée dans la réaction des forces de l’ordre qui, une fois alertées quelques minutes après, et bien que disposant de trois véhicules tout terrain, n’ont pas quadrillé l’arrondissement et encore moins mobilisé les autres brigades et compagnies de gendarmerie environnantes en temps opportun. «Les gendarmes sont arrivés plus d’une heure après avec trois véhicules qu’ils ont garé dans la concession au lieu d’aller à la poursuite des bandits qui étaient curieusement à bord d’un véhicule», se déchaîne un villageois. La veille, Elias Tchadji était à Bafoussam, à l’occasion de la double cérémonie de proclamation des résultats de la campagne d’hygiène et salubrité publique et de présentation des vœux au gouverneur Samuel Dieudonné Ivaha Diboua à qui il a serré la main pour la dernière fois. Hier matin, ce dernier a fait le déplacement de Baham pour présenter ses condoléances à la famille durement éplorée. Non sans instruire la force de l’ordre de mettre la main sur les auteurs de ce crime qu’il considère comme une provocation de l’autorité administrative. Agé de 50 ans, né en 1962, Elias Tchadji est maire de Baham depuis 2002. Il s’apprêtait aussi à briguer un 3e mandat à la tête de cette municipalité. Au-delà de cette casquette politique, l’ancien maire de Baham, licencié en droit politique, était aussi opérateur économique, parce que propriétaire des boulangeries Pavillon vert à Yaoundé et dans son Baham natal. Les enquêtes ont été ouvertes afin de mettre la main sur les auteurs de ce crime crapuleux ou leurs commanditaires si l’hypothèse d’un règlement de compte venait à être confirmée.
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