Prison moderne à Baham
Camer.be : Yolande Tankeu
12 mars 2009
Le gouvernement camerounais envisagerait une nouvelle politique pénitentiaire fondée sur la construction de six nouveaux établissements de 300 places chacun, aux "normes internationales", à Baham, Ntui, Bangem, Mundemba, Bengbis et Ngoumou.
Cameroun : Bientôt des nouvelles prisons au Cameroun
Surpeuplement, vétusté, manque de personnel, les prisons au Cameroun sont accusées de tous les maux. Les appuis des bailleurs de fonds aussi précieux soient-ils, n’ont pas suffi à régler ce problème complexe. Face à tous ces maux qui minent le secteur pénitencier au Cameroun, les pouvoirs publics envisagent de construire de nouveaux établissements pour loger les quelques 23 000 pensionnaires pour 10 000 places disponibles occupées et surchargées.
Depuis le début de cette année, les grands problèmes de l’univers carcéral camerounais sont à nouveau à l’ordre du jour. Le pays est pris en défaut par plusieurs organisations de défense des droits humains pour non-respect de certaines normes internationales, même s’il est de notoriété publique que la plupart des prisons camerounaises sont très vétustes.
Leur capacité d’accueil est également largement dépassée. Selon les enquêtes de l’association camerounaise de défense des droits des prisonniers publiés en novembre 2008, à Bafoussam, le lieu de détention qui avait été construit pour 300 places, accueille quelques 1 260 prisonniers. A Yaoundé, la prison centrale de Kondengui, forte de ses quelques 3 700 détenus, est visiblement passée d’époque, puisqu’elle avait été bâtie pour 1 000 places. Quant au pénitencier de New-Bell de Douala, on y dénombre plus de 3 000 détenus pour un espace de 800 places et 72 établissements à travers le Cameroun où seuls 10 000 places sont disponibles. Mais qui abritent 23 000 âmes encadrées par 2576 agents.
Dénominateur commun de toutes ces maisons d’arrêt : déshumanisation, insalubrité, insécurité. Les organisations de défense des droits de l’Homme évoquent pêle-mêle régulièrement de graves problèmes de répartition des détenus, les mineurs cohabitent par exemple avec les adultes, d’où de nombreuses dérives : maladies, homosexualité, viols, vols, trafics divers, etc. C’est ainsi que la prison de Kondengui à Yaoundé compte quatre «quartiers», dont deux ont été rénovés et accueillent chacun quelque 300 détenus, tandis que les deux autres en attente de réfection sont peuplés chacun de plus de 1 000 occupants).
Mais, dans un pays où la durée moyenne des détentions préventives est de un à deux ans, voire parfois dix ans, le surpeuplement des prisons reste un vaste problème. Selon le sociologue Emile Maximilien Akono, les causes sont multiples: «la montée de la criminalité dans les grandes villes, la multiplication des unités des forces de l’ordre en milieu urbain, la détention des personnalités impliquées dans le détournement des fonds public dans le cadre de l’opération Epervier mais surtout, les lenteurs des procédures judiciaires dues au manque de moyens et de personnel pour les enquêtes
"Ces fléaux ont poussé les autorités camerounaises à sortir de leur ornière car estiment t-elles", 'il faut de manière impérative, procéder à une réforme ‘’.
Selon des sources bien introduites des milieux pénitenciers camerounais, le vice premier ministre en charge de la Justice a mis sur pied un comité de pilotage du projet modernisation des prisons et de préparation à la réinsertion sociale des détenus dont les membres ainsi que ceux de la coordination, ont été installés mardi dernier 10 mars au cours d'une cérémonie présidée par le secrétaire d'Etat à la Justice chargé de l'Administration pénitentiaire, Emmanuel Ngafeeson.
De cette cérémonie, il découle que le gouvernement camerounais envisagerait une nouvelle politique pénitentiaire fondée sur la construction de six nouveaux établissements de 300 places chacun, aux "normes internationales", à Baham, Ntui, Bangem, Mundemba, Bengbis et Ngoumou.
Le même programme prévoit la réhabilitation de 22 prisons de Tibati, Meiganga, Akonolinga, Mbalmayo, Mouloundou, Ngambe, Mbouda, Ambam, Kribi, Yagoua, Mokolo, Nkambe, Kumba, Betare-Oya, Bafia, Yokadouma, Yabassi, Foumbot, Kaélé, Tcholliré, Fundung et Mamfé.
L’on espère simplement que ces mesures pourront au cas où elles sont effectives limiter la surpopulation carcérale, et tous les maux qui minent le secteur pénitencier au Cameroun.
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