Par Luc Angoula Nanga [Cameroon Tribune]
25 aout 2004
Kalège de Court, cheval bien connu des parieurs, fait partie des haras du Camerounais Lucien Kamdem.
Cachant mal son embonpoint dans un ensemble en cuir, Lucien Kamdem présente, malgré ses 58 ans accomplis, la silhouette d'un play-boy : quand il ne se fait pas remarquer par une casquette d'acteur, style Louis de Funès, cet ancien professeur de mathématiques, vous laisse éberlué. En arborant une casaque à trois couleurs, qui le rapproche du cercle hermétique des propriétaires des chevaux de course. Serait-ce alors un usurpateur ? Calomnie !
Ce compatriote commande effectivement, en France, la célèbre " Ecurie de Baham ", qui donne des concurrents aux épreuves organisées par le Pari mutuel de l'Hexagone, et celui du Cameroun.
Certains parieurs vous citeront des noms bien connus relevant de cette écurie : Jorko Primo, habitué des " quintés ", Good Atout, qui passe bientôt étalon, Kalège de Court, toujours aux premières places à Vincennes, et Quinsy de Baham, âgé juste de quelques mois. Des spécialistes du trot monté ou attelé. " Des galopeurs français croisés avec des chevaux américains et hollandais ", précise Lucien Kamdem, qui vient de séjourner à Douala.
Son établissement à deux haras, situés à Marseille et en Normandie, compte une trentaine d'employés, dont des entraîneurs. Qui, tous les jours, se posent une question : " Comment a-t-il fait pour être là ? "
C'est que la voie suivie par cet homme s'écarte des sentiers battus : enseignant au collège Mongo Beti de Yaoundé, en 1968, il s'intéresse, parallèlement, aux chevaux, et aux combinaisons des compétitions du PMU de France. En 1972, il part pour Paris, deux préoccupations en projet : poursuivre des études supérieures, et pénétrer le secteur très fermé des courses de chevaux. Au fil des ans, et à force d'y participer, la maîtrise se renforce. Le but est atteint, un jour de l'année 2001: grâce à une annonce parue dans un journal parisien, Lucien Kamdem achète Kalège de Court, son premier cheval, en déboursant l'équivalent de 25 millions FCFA ! Mais après cette acquisition spectaculaire, il faut encore subir des enquêtes de moralité menées sur plusieurs terrains. L'heureux aboutissement de ces procédures lui permet finalement d'obtenir une carte de membre de la Fédération des courses françaises, à l'hermétisme avéré.
Aujourd'hui, le patrimoine comprend une dizaine de chevaux. Avisé, Lucien Kamdem jure : " Je n'y suis pas pour gagner de l'argent. J'y suis pour relever un défi, le Camerounais étant une créature de défi. " Son conseil aux parieurs: " Méfiez-vous des marabouts, et des faux favoris !". Sa fille Jessica pratique déjà de l'équitation. Elle préfigure, sans nul doute, l'avenir prometteur de " L'écurie de Baham ", si loin de Baham.
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